Sobibor 14 Octobre 1943 16 Heures Streaming

Thursday, 4 July 2024

Celle-ci réussit et permet à une trentaine d'évadés d'échapper à leurs poursuivants et de survivre, la plupart des autres étant repris. Peu après, au mois de novembre, les nazis détruisent le camp, arasent et labourent le terrain, et y plantent des pins. D'une certaine manière, répondre aujourd'hui à la question de savoir ce qui permet à Sobibor, ce non-lieu de la mémoire, de s'inscrire malgré tout dans cette dernière, c'est nécessairement parler de ce qui sous-tend, depuis Pourquoi Israël? (1973) en passant évidemment par Shoah (1985), l'œuvre cinématographique singulière de Claude Lanzmann. Car ce travail d'une vie constitue, grâce à l'art du cinéma comme pensée et mise en forme de l'absence, l'évocation la plus juste et la plus sensible de l'extermination des juifs au XX e siècle, en même temps que la plus intelligente entreprise de compréhension du destin juif moderne. LE VŒU DE KAFKA Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures est, après Un vivant qui passe (1997) – qui s'interrogeait sur l'aveuglement volontaire des témoins de l'extermination –, le deuxième film directement issu du considérable matériau accumulé lors de la réalisation de Shoah.

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Archives Claude Lanzmann consacre un film à la révolte dans ce camp d'extermination. Article réservé aux abonnés Film documentaire français de Claude Lanzmann. (1 h 35. ) Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures n'est pas un titre aussi clair que, par exemple, La vie est belle. Il nécessite, pour son intelligence, quelques précisions sur le contexte historique. Sobibor faisait partie des six camps d'extermination construits en Pologne par les nazis. Situé quelques kilomètres à l'est de Lublin, il est ouvert le 7 mai 1942. Tous les juifs qui y parviennent sont gazés à leur arrivée (on estime à plus de deux cent mille leur nombre), à l'exception d'une minorité d'entre eux que les nazis transforment en une main-d'œuvre d'esclaves, notamment affectée à un commando spécial (Sonderkommando) chargé de procéder à la destruction des corps. Le 14 octobre 1943, trois cents juifs du Sonderkommando organisent – sous le commandement d'Alexandre Petchersky, un officier juif de l'Armée rouge – une révolte.

Lerner est réjoui, étonné de la perfection technique de son geste, lui qui n'avait jamais frappé personne de sa vie. Le film s'ouvre sur un bref préambule, une photo des SS enterrant leurs camarades tués par la révolte, et la question de Lanzmann: "Est-ce qu'il avait déjà tué avant, M. Lerner? - Non, non, il avait tué personne, non. " Lerner est épaté des effets de ce geste, effets réels (l'impossible: l'évasion réussie d'un camp de la mort) et effets symboliques. Etonné de sa propre joie. Quelle histoire! Elles sont innombrables, les histoires qui gravitent autour de ce moment, mais il faut écrire "histoire" au singulier car - c'est la force du film - toutes ces histoires se confondent en un moment unique qui s'intitule Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures. Ce moment est porté par un récit de courage et d'angoisse, d'intelligence stratégique et de hasard. C'est le récit qu'a fait Lerner à Lanzmann, en 1979, quand celui-ci enregistrait des témoignages pour ce qui deviendrait son œuvre majeure, Shoah.