Bœuf Écorché Bacon In The Box

Sunday, 7 July 2024

On y éprouve ce sentiment d'étrangeté que procure encore aujourd'hui ces cabinets de curiosité où se dévoilent et s'affrontent les couleurs et formes d'une violence sublimée. Liliane Touraine et Bernard J. Bœuf écorché baton rouge. Blum Bâle, février 2004 Francis Bacon, Study for Portrait of Van Gogh V, 1957, huile et sable sur toile, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington D. C., photo: Lee Stalsworth Jean-Auguste-Dominique Ingres, Œdipe et le sphinx, vers 1826-1827, huile sur toile, © The National Gallery, London

  1. Bœuf écorché bacon aka alexander

Bœuf Écorché Bacon Aka Alexander

Des émotions contradictoires nous envahissent face à cette magnificence de l'horreur. Il y a comme un parfum de scandale devant cet éclat... insupportable! L'assomption de la « figure » en peinture serait-elle stoppée dans son élan? Car nous n'avons pas là une carcasse qui montrerait la mécanique de ses organes (une leçon d'anatomie ou une autopsie scientifique) mais un amas de pâte portant l'empreinte de sa trituration, qui exhibe le corps refoulé par la pensée classique. C 'est l'obscénité de la crucifixion qui nous est alors jeté à la figure! La pudeur puritaine de l'époque tient les corps à distance, même si elle se permet de déplacer l'érotisme dans les fruits, avec toutes ces pastèques et autres grenades… fendues, offrant aux regards leur pulpes juteuses. Mais le fruit sent la fraise! On le sait: l'histoire de la peinture n'a cessé d'éloigner la beauté de l'odeur! Chaïm Soutine: La peinture à corps ouverts : charogne, chair et carcasse - Parkstone Art. Wajcman nous le dit: Venus, encore humide d'écume, ne porte pas la plus petite trace d'une odeur d'algues sur la peau.

Des crucifixions de Bacon (1944) voisinent avec Guernica de Picasso (1937), mais aussi des crucifixions des 15ème et 16ème siècles. Des études du corps humain selon Johann Heinrich Fussli (1788) rencontrent "Body" peint en 1970… On lit comment Bacon a ausculté ces reproductions de toiles célèbres pour s'en imbiber jusqu'à en extraire leur force, leur substantielle moelle, jusqu'à les déchirer, donc les détruire, ces photographies de toiles étant pour lui des images mortes. Or Bacon veut, lui, donner à voir la vie, avec sa violence, cette violence qui l'agresse et qui lui "fait peur" (entretien à la télévision Suisse romande en 1964). Il va tenter d'exorciser cette peur en la magnifiant par une peinture qui prend en charge le mal être de sa propre vie. Une peinture de l'exaltation, de la déformation. Jan Blanc : "L'historien de l'art doit reconstituer la pensée de l'artiste". "Je suis presque alcoolique" avoue-t-il et "mon travail est le reflet de ma vie". Mais il serait trop rapide de ne voir dans ces tableaux brouillés que les hallucinations d'un alcoolique qui feraient de Bacon un adepte de l'Art Brut.