Zao Wou-Ki. L&Rsquo;Espace Est Silence – Dans La Bibliothèque De Cléanthe

Friday, 5 July 2024

Pour mieux préparer et apprécier cette immersion picturale, le visiteur pourra utilement écouter la série de cinq entretiens sonores réalisés avec Zao Wou-Ki en juin 1986 par France Culture (" L'épopée de Zao Wou-Ki "). * ".. l'espace est silence, silence comme le frai abondant tombant lentement dans une eau calme, ce silence est noir, en effet il n'y a plus rien, les amants se sont soustraits à aux-mêmes en arrivant bonheur bonheur profond... "

  1. Zao wou ki l espace est silence 14 novembre 2019
  2. Zao wou ki l espace est silence 14 novembre 2021

Zao Wou Ki L Espace Est Silence 14 Novembre 2019

Texte intégral 1 La dernière rétrospective d'envergure consacrée en France à Zao Wou-Ki (Pékin, 1920-Paris, 2013) s'était tenue à la Galerie nationale du Jeu de Paume en 2003. Cette nouvelle présentation dans les salles plus lumineuses du Musée d'Art moderne de la Ville de Paris permet de faire cette expérience décrite par le poète Bernard Noël: « être là / simplement là devant / dans un espace qui devient un territoire / réceptif » (p. 119). Comme le rappelle le sous-titre de l'exposition, l'espace de Zao Wou-Ki est certes silence, selon le mot employé par son ami Henri Michaux dès 1950, mais il ne faudrait pas que ce terme soit l'occasion de malentendus. Que signifie-t-il au juste? « Ce qui est abstrait pour vous est réel pour moi » précise le peintre de tempérament plutôt peu « causant » (Jean-Michel Meurice) lors d'un entretien avec Georges Charbonnier datant de 1960, où il se montre soucieux de lever l'ambiguïté habituelle relative au terme « abstraction ». Ce silence concret créé par sa peinture se construit souvent dans une grande proximité avec l'univers musical, sans doute plus crucial dans sa création que le monde visible, quand on sait que son atelier parisien situé rue Jonquoy était dépourvu de fenêtres et n'offrait, conformément à son souhait, qu'une échappée zénithale.

Zao Wou Ki L Espace Est Silence 14 Novembre 2021

Il célébrait le silence. Lorsque, <à notre dernière rencontre>, je l'ai quitté en l'embrassant, Wou-Ki a pris ma main qu'il a gardée longuement, ne parlant pas, mais me communiquant toute l'affection de son amitié. Il savait que nous ne nous reverrions pas. Il s'en est allé, trois mois plus tard, paisiblement. » («Une si longue amitié», dans Zao Wou-Ki, Musée d'art moderne de la ville de Paris) Puissions-nous tous rejoindre cet apaisant silence… La méditation, l'art, celui de Zao Wou-Ki en tout cas, peuvent nous y aider.

L'homme rendu à des éléments si peu identifiables que nous est aussi restituée la dimension du possible: Peut-être ceci ou cela, ou… peut-être pas. Le «réel» cesse de nous agresser de sa pesante précision… Tout est ouvert. Ce qui est ouvert ouvre, soulage, libère. Mouvance d'un réel, assoupli par la dissolution des contours et des formes. Rien n'est aussi solide et aussi dur que nous nous complaisions à le croire généralement: comme cela est bon qu'un homme, un peintre, puisse nous le montrer! Que nous montre-t-il d'ailleurs, par cette dissolution des formes? «, vide d'arbres, de rivières, sans forêts, ni collines, mais pleines de trombes, de tressaillements, de jaillissements, d'élans…» À la faveur de cet effacement, se donne à sentir, «derrière» toutes ces «choses», ces «formes» qu'on ne voit plus, l'espace qui leur donne vie… Évoquant Wou-Ki, Michaux peut donc dire à juste titre: «l'espace est silence». L'espace c'est ce qu'on éprouve, quand le peintre a fait taire toutes les formes qu'il fait naître et qui, en même temps, le dissimulent généralement.